Crise anglophone. Les hommes du président Paul Biya
Dans le but de trouver des solutions et en guise de réponses aux revendications des ressortissants de cette partie du pays, le chef de l’Etat s’est entouré d’une équipe d’hommes de terrain.
Tout part de novembre 2016 par une grève des avocats dans la ville de Bamenda, chef-lieu du Nord-Ouest. Ce mois-là, des ressortissants de la partie anglophone du pays ont commencé à dénoncer la « marginalisation » dont ils seraient victimes de la part du reste du Cameroun. S’en suit alors une revendication : la traduction en anglais du Code de l’organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires (Ohada) et d’autres textes de lois votés à l’Assemblée. Ce qui a été fait. Paul Biya a aussi entre autres, prescrit un recensement des magistrats anglophones du Sud-Ouest et du Nord-Ouest en vue d’augmenter les effectifs des magistrats anglophones au sein de la haute juridiction (Cour suprême), de même que le redéploiement des magistrats tenant compte du critère linguistique. Seulement, un mois plus tard, c’était au tour des enseignants de cesser le travail pour s’ériger contre la nomination de francophones dans les régions anglophones. Ces mouvements de grève, jusqu’alors contenus au Nord-Ouest, se sont peu à peu propagés au Sud-Ouest puis rapidement mués en crise politique, exacerbée début 2017 avec le désir des sécessionnistes le dimanche 1er octobre, jour anniversaire de la réunification officielle des parties anglophone et francophone, de proclamer proclamation « l’indépendance » vis-à-vis des francophones.
« Une aggravation du problème anglophone pourrait affecter les élections générales prévues en 2018. Surtout, elle pourrait déclencher des revendications sur l’ensemble du territoire et une crise politique de plus grande ampleur », prévient le Crisis Group. Ainsi, même si quelques temps après, cette crise a basculé en des revendications politiques allant des velléités fédéralistes et sécessionnistes avec la naissance de la république d’Ambazonie, des enlèvements de hautes personnalités avec demande de rançons, le pouvoir de Yaoundé n’a eu de cesse de trouver des mesures à ces revendications.
Equipe de choc
L’exécutif, emmené par le président Paul Biya et son Premier ministre Philemon Yang oppose une fin de non-recevoir aux revendications des manifestants. Dans le but de juguler cette crise, Yaoundé entreprend donc d’instaurer un train de mesures. Paul Biya s’entoure surtout d’une équipe de choc. D’abord Paul Atanga Ndji, qui a une bonne connaissance du milieu et certains hommes ressources influents tels que Peter Mafany Musongue et Simon Achidi Achu. Le juriste Laurent Esso a géré toutes les questions relatives au droit. Pour contenir une crise qui a basculé dans la violence, il a fallu également un homme de poigne en la personne du Ministre Délégué à la Présidence chargé de la Défense Joseph Beti Assomo qui a su donner des réponses graduelles et appropriées aux modus operandi des sécessionnistes. Un état-major qui fait face aujourd’hui à l’une des crises endogènes les plus caustiques que le Cameroun ait traversé au cours des dernières décennies et dont le président Paul Biya n’entend pas céder au langage de l’intimidation. Le cap reste donc sur une voie de conciliation qui n’est pas ouverte sous toutes les conditions. On connaît l’attachement de l’homme aux valeurs républicaines, et grâce à sa force de caractère et son acuité stratégique, les sécessionnistes ont intérêt à revoir leurs ambitions.
Julienne Ngobo