Laïcité, un facteur d’unité nationale
Malgré toutes les horreurs perpétrées dans la partie septentrionale du pays par la secte terroriste Boko Haram dont l’image est associée à l’Islam, rien n’y fait. Les Camerounais éprouvent toujours autant de plaisir à vivre ensemble, avec leurs différences. Différences dues à l’appartenance religieuse ou aux origines socioculturelles.
A côté des grandes religions instituées, le Cameroun regorge d’un nombre indescriptible de chapelles et de sous-chapelles qui surgissent de terre chaque jour comme des champignons. Avec les églises dites réveillées, l’on déchiffre plus de deux mille églises ouvertes opérant sur le sol camerounais. Et là il faut le préciser, nous restons uniquement dans la sphère chrétienne. Les musulmans également, se déploient à travers le territoire avec leurs multiples sensibilités doctrinales dont notamment le soufisme et le wahhabisme, parmi les plus connus. L’énumération pourrait s’étirer indéfiniment si l’on voulait s’amuser à dresser une liste des obédiences religieuses officiant librement sur le territoire ; de la Foi Bahaïe aux Derniers Serviteurs de Mohammed en passant par les Témoins de Jéhovah, La Montagne du feu de Dieu, Viens, vois et raconte ou encore Les Derniers Prophètes, les populations sont libres dans leurs choix. D’ailleurs, des écoles jusque-là considérées comme des sectes ont désormais pignon sur rue. Ainsi, des congrès de francs-maçons ou autres rassemblements de rosicruciens sont désormais annoncés à grand renfort de communication, sur la place publique. La loi sur la liberté d’association n’est donc là que totalement explorée. Et en ce pays, on peut le vérifier, la religion n’a pas d’influence dans les processus de recrutement dans une entreprise ou dans une autre, fusse-t-elle du secteur public ou privé.
Et comme pour magnifier cette collaboration quasi inédite, des célébrations œcuméniques mettant en scène des leaders de ces différentes croyances, viennent ponctuer tous les grands moments de la vie de cette nation. Manifestant plus que jamais ce désir du vivre-ensemble, malgré les différences.
Sommes toutes, le Cameroun poursuit son bonhomme de chemin dans la construction de sa démocratie dont la ligne directrice doit être tracée par une liberté qui s’exprime dans un cadre légal. Les journalistes aujourd’hui, peuvent être les premiers à témoigner que cette liberté est une réalité ; d’ailleurs, certains d’entre eux n’évitent pas à dépeindre le gouvernement au vitriol. Mais en tout état de cause, il y a la liberté, et il y a la loi qui la contrôle. Une dépénalisation des délits commis par les journalistes ne témoigne pas d’ailleurs d’une éthique qui devrait être observée par chacun.
Charles Abega