Crise anglophone. L’archevêque de Yaoundé appelle à la paix
Dans son homélie délivrée en ce jour d’Ascension, Mgr Jean Mbarga exhorte les Camerounais à cultiver davantage les valeurs de cohabitation pacifique et d’amour du prochain.
En ce jeudi 10 mai 2018, les chrétiens catholiques du monde célèbrent l’Ascension. Une fête qui symbolise la montée de Jésus au ciel 40 jours après la Pâques. L’homélie de l’archevêque métropolitain de Yaoundé prononcée à l’occasion a puisé dans l’actualité sociologique de l’heure au Cameroun. Il a ainsi été question de la crise qui paralyse depuis plus d’un an, les activités dans les régions du Sud-Ouest et Nord-Ouest. A ce sujet, il a invité les chrétiens à considérer l’homme comme un frère ou une sœur. Mgr Jean Mbarga a ainsi décrié les appellations telles que «francophone, anglophone…» et suggéré le vocable Camerounais. «C’est en nous acceptant les uns les autres que nous témoignons l’amour du Christ», a insisté le pasteur appelant ses brebis à se donner la main pour la réussite du Cameroun. Mais peut-il être entendu par les terroristes qui sèment en ce moment la terreur dans les régions du Sud-Ouest et du Nord-Ouest ? Il y a des raisons d’en douter.
C’est en effet le énième message du genre venant de l’église catholique qui peine à toucher le cœur des sécessionnistes. Au mois d’avril dernier, à l’issue de la 43e Assemblée plénière des évêques du Cameroun, Samuel Kleda, archevêque de Douala et président de la Conférence épiscopale nationale du Cameroun (CENC), avait lancé un message similaire. « Dans les zones où il y a des conflits, nous demandons aux acteurs, aux protagonistes, de chercher avant tout la voie du dialogue, la voie de la paix. Que chacun accepte de s’asseoir». Un peu comme pour bien signifier leur refus de dialoguer, les sécessionnistes ont enlevé quelques jours après, l’abbé William Neba. Le tort du principal du collège Saint-Bede Ashing-Kom dans localité de Belo, dans la région du Nord-Ouest du Cameroun, était d’avoir maintenu ouvert l’établissement à sa charge.
De son côté, le président Paul Biya reste malgré tout disposé au dialogue. «Le dialogue, je le précise bien, a toujours été et restera toujours pour moi, la voie privilégiée de résolution des problèmes, pour autant qu’il s’inscrive strictement dans le cadre de la légalité républicaine», réitérais le chef d’Etat dans son message de fin d’année 2017 à la nation. L’accalmie observée en début de cette année avait laissé espérer la possibilité d’explorer des solutions politiques de sortie de crise. «La situation se stabilise dans le Sud-Ouest et le Nord-Ouest. Ce qui devrait permettre à la Commission pour la promotion du bilinguisme et du multiculturalisme de s’attaquer au cœur du problème», indiquait le président Paul Biya lors de son discours à la jeunesse le 10 février 2018. Des projets compromis par la résurgence de la violence constatée ces dernières semaines.
Bell Josué