Agriculture diversifiée : le bel atout à capitaliser
Corine Alima
Au plus profond même des années de crise économique, la nation camerounaise a pu compter sur son activité agricole intense, favorisée par un sol naturellement riche. Des surfaces arables qu’ont toujours su mettre à contribution les populations, atteignant régulièrement les seuils d’autosuffisance alimentaire. Pourtant, beaucoup reste à faire, pour en faire un pilier véritable de l’économie camerounaise.
Depuis environ deux décennies, la politique agricole du Cameroun invite à plus d’audace, pour passer d’une simple activité de survie à un pôle industriel significatif. Reposant sur la grande richesse de son sol, cette agriculture est impressionnante par la diversité de sa production. Des cultures introduites par le colon comme le cacao, le café ou encore le palmier à huile, aux plantes plus exotiques, cette terre a tout pour offrir plus que le résiduel pain quotidien pour ses populations. Pour preuve, les compatriotes de Paul Biya nourrissent, depuis des années, la quasi-totalité de la sous-région Afrique centrale. Des convois bien fournis partent de nos différents bassins agricoles chaque jour en direction des différents pays frontaliers, avec des produits tout aussi différents. Et là, il s’agit encore d’une activité artisanale, loin des standards de l’industrialisation. C’est donc dans le souci de dynamiser et faire décoller définitivement ce secteur que le Président de la République a inscrit dans sa liste de priorités, le passage à une agriculture de seconde génération. L’ouverture d’écoles spécialisées dans ce secteur d’activité a été le premier signal fort, rejoignant les grands rendez-vous que sont les fameux comices agropastoraux. Puis, il y a les fameuses usines de montage de tracteurs et d’autres outils servant à la mécanisation effective de l’agriculture.
On est donc passé à la matérialisation parfaite d’une idée, avec des résultats qui ne se sont pas fait attendre. Le poivre blanc de Penja dans le département du Moungo, terre volcanique du Littoral camerounais, est devenu une vedette mondiale, aujourd’hui labellisée. C’est le premier produit d’Afrique subsaharienne ayant bénéficié depuis 2013 d’une appellation d’origine et de qualité, attribuée par l’Union européenne. Indication Géographique (IG), titre attribué la même année au miel blanc d’Oku dans la région du Nord-Ouest. Pour le poivre, on est passé d’une poignée de producteurs au départ à plus de 200 aujourd’hui, avec une barre de plus de 300 tonnes produites par an. Le cacao et le café jadis délaissés à cause de l’effondrement des cours sur le marché mondial, sont également en regain d’énergie. L’ananas, le piment, la tomate et la banane douce ne sont pas en reste, suscitant même l’émergence de nouveaux bassins vivriers.
Il est donc nettement compréhensible que dans un futur proche et certain, sous cet élan insufflé par le Chef de l’Etat, le secteur agricole pourrait à long terme apporter des solutions véritables à la crise de l’emploi et être pour la relance économique nationale, un levier plus qu’important.