Cameroun. Indignation face à l’ingérence américaine
Bell Josué
Les Camerounais désapprouvent la sortie malheureuse de l’ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun suggérant au président de la République de quitter le pouvoir.
Après une audience le 17 mai dernier avec le président de la République, l’ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun a fait une déclaration en rupture avec les usages diplomatiques. « Le président et moi avons discuté des prochaines élections. J’ai suggéré au président de penser à son héritage et à la façon dont il veut qu’on se souvienne de lui dans les livres d’histoire et proposé qu’il s’inspire de George Washington et Nelson Mandela». En clair, le diplomate américain demande au président Paul Biya de ne pas se présenter à la prochaine élection présidentielle, s’ingérant ainsi dans les affaires internes du Cameroun.
Une ingérence qui passe mal auprès des Camerounais. Ces derniers expriment leur désapprobation notamment à travers la toile. «Manipulation et ingérence politique, tous les Camerounais vous ont à l’œil. Ce n’est plus qu’une affaire de Biya mais de tous les Camerounais. Que les américains résolvent d’abord le problème des droits de l’homme avant d’aller donner des leçons au monde entier», s’indigne un internaute. «il n’appartient qu’au seul Peuple Camerounais, du reste, très mâture, très responsable, très sûr de son destin, déjà, bien rompu aux épreuves, et seul souverain en la matière; de choisir librement son Chef, et ce, dans le strict respect de la Constitution du Cameroun», renchérit pour sa part Charles Atangana Manda, cadre du RDPC, le parti au pouvoir.
Le ministre de la Communication, Issa Tchiroma Bakary, a pour sa part rappelé que le peuple camerounais est «souverain», et n’est «pas disposé à accepter quelque diktat que ce soit de la part de telle ou telle puissance». Pour le porte-parole du gouvernement, le chef de l’Etat est «un homme d’honneur, soucieux, naturellement, de la lecture qu’on fera de lui une fois qu’il aura organisé sa succession le moment venu». Pour lui, le président Paul Biya «entrera dans l’histoire par la grande porte, parce qu’il est conscient de sa responsabilité», et qu’«il ne s’écoule pas une seconde sans qu’il ne pense à l’avenir» du Cameroun.
Pour la majorité des Camerounais, Paul Biya reste l’homme de la situation. C’est ce qui ressort du baromètre Elmed du nom des trois chercheurs qui l’ont conçu. Il s’agit du Dr Célestin Elockson, du Pr Joël Müller et du Pr Emmanuel Djuatio. Tous sont des chercheurs dans le domaine des sciences de gestion et revendiquent une solide expérience dans les techniques qualitatives et quantitatives. Selon Elmed, ils sont plus de 57 % à préférer Paul Biya comme président de la République face à une opposition éclatée. Selon cette étude d’opinion, le présent Biya apparaît comme le candidat le plus à même de gérer le pays. Il est perçu comme un homme de paix.