Pour qui roule l’ambassadeur américain au Cameroun ?
Peter Henry Barlerin, ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun, saura que le « Cameroun, c’est le Cameroun ». Suite à sa récente sortie pour le moins hasardeuse, c’est une déferlante d’indignation qui s’est emparée de l’opinion nationale, pour dire que le Cameroun affichera toujours un visage systématiquement unanime face à l’adversité extérieure.
Quel est le rôle finalement d’un ambassadeur ?
L’ambassadeur est la tête de pont entre le pays qu’il représente et celui qui l’accueille. Ses attributions consistent essentiellement à améliorer les relations diplomatiques entre son pays et le pays d’accueil. Les us et coutumes de l’écosystème diplomatique requièrent du plénipotentiaire en représentation, une réserve absolue et une correction dans les faits et gestes. La dégradation des relations bilatérales n’entraîne pas forcément une rupture diplomatique qui, dans les mécanismes d’aggravation, provoquent dans un premier temps, la préoccupation du pays qui se sent lésé, pour qu’il y ait rappel d’ambassadeur. La crise pourrait, dans un cas extrême, aboutir sur une rupture définitive de relations diplomatiques. C’est dire si la responsabilité d’un ambassadeur est importante. Le ton discourtois d’un personnel diplomatique est un signe de condescendance inacceptable.
L’ambassadeur des Etats-Unis n’a pas commis une seule maladresse, mais s’est inscrit depuis dans une multitude de bévues, partant de ses incursions en zones opérationnelles suivies de commentaires à tout le moins surprenants. Une véritable imposture qui a commencé à singulariser ce diplomate. Ce n’est pas le plus grave. Dans la foulée, c’est un propos irrévérencieux qu’il avançât lors de sa prise de parole à l’occasion d’une cérémonie officielle chez les militaires, pour qu’il récidive par cet acte fortement pathogène dans les milieux feutrés diplomatiques. Un comportement de ce genre ne peut que s’inscrire dans un sentiment de condescendance.
Et pourtant, le Cameroun est un exemple en Afrique. Un pays qui a réussi à stopper l’avancée des différentes menaces qui auraient pu transformer la sous-région en poudrière, tout comme sa générosité exceptionnelle lui permet d’abriter plus de 250.000 réfugiés. C’est le génotype de l’hospitalité et de la neutralité que ce pays a imprimé dans son ADN, pour qu’il devienne paradoxalement mal accepté de la communauté internationale. Que reproche-t-on au Cameroun ? Peut-être sa politique multilatérale qui ne semble pas être au goût des multinationales qui régentent le monde, qui font et défont les chefs d’Etats aux ordres, devant payer la dime pour leur stabilité. Un constat curieux permet aussi d’établir la correspondance de la carte crisogène des régions africaines à celle des régions riches en matières premières.
La déstabilisation du Cameroun semble donc rentrer en droite ligne d’une tentative de pillage de ses ressources, et dans cette perspective, il est toujours heureux d’avoir un chargé de mission qui faciliterait la spoliation des biens communs. L’on comprend que ces plans funestes, contrariés par la longévité du président Paul Biya au pouvoir, pipent les dés. Et l’on comprend également que certains candidats aux futures élections présidentielles aient élu domicile à l’étranger, pour qu’en plus de financer leur campagne, les projets de concessions soient proposés en contrepartie des largesses des sponsors.