Crise anglophone. La thématique au cœur de la présidentielle
Ils s’y ruent tous comme des fourmis sur un pot de confiture ouvert. On aurait presque cru que les candidats à la prochaine élection présidentielle, étaient à court de thématiques pour pouvoir densifier les projets sociaux à présenter à l’électorat, tant ils se repaissent des évènements qui ont lieu dans les régions anglophones, chacun y allant de ses épices.
Charles ABEGA
Depuis le lancement officiel de la campagne, l’électorat et les observateurs avisés s’émeuvent certainement devant la maigreur voire l’absence de projets sociaux bien élaborés et habilement présentés, à ceux-là même qui devront se prononcer devant les urnes dans quelques mois, pour donner au Cameroun, l’homme qui décidera à la tête de l’Etat, pendant les sept prochaines années. Un électorat qui a besoin de matière, d’éléments argumentaires pour évaluer chaque acteur, en établir un profil politique, et essayer de projeter le pays dans les prochaines années, avec un de ceux-là aux manettes. Jusque-là malheureusement, il n’y en a eu que pour la crise dans les régions du Sud-Ouest et du Nord-Ouest, avec des bilans des affrontements commentés, des images truquées analysées, la condamnation des interventions et de la présence des Forces de Défense et de Sécurité, la fustigation de l’attitude des pouvoirs publics que les opposants juges maladroits ou laxistes dans la gestion de la crise, certains allant même jusqu’à inviter la communauté internationale à s’impliquer militairement pour une sortie de crise.
Si le retour à la paix sur toute l’étendue du territoire est une préoccupation primordiale chez chaque Camerounais, force est de reconnaître que plusieurs autres champs thématiques ont un réel besoin de diagnostic et de proposition révolutionnaire, pour un horizon plus ambitieux sur la route de l’émergence. Le système universitaire, la couverture sanitaire avec le plateau technique et l’accès aux soins, l’offre de logement, l’urbanisation, la gestion des ressources naturelles, la politique fiscale, l’alphabétisation en zones rurales, la gestion du patrimoine culturel, etc. sont pourtant autant de sujets sur lesquels les uns et les autres peuvent se pencher pour essayer de s’attirer la sympathie de l’électorat au pays et dans la diaspora. Alors pourquoi autant de redondance dans les sorties discursives des candidats déclarés et de leurs états-majors ? Seraient-ils dans l’incapacité intellectuelle de construire un argumentaire fort et convaincant ? Serait-ce également un aveu de faiblesse en face de la grosse machine au pouvoir ? Ou encore, ne seraient-ils que de simples relais, et donc des pantins actionnés par ces malotrus sans vision embusqués depuis l’étranger ?
Sans boule de cristal, il demeure jusque-là quasi impossible d’apprécier la réelle profondeur des candidats et la pertinence de leurs propositions, malgré les CV respectables affichés.