Revendications sécessionnistes. Les véritables enjeux d’une guerre du pétrole
C’est pour céder 80% des puits pétroliers de Bakassi à une nébuleuse nommée Kilimanjaro Capital Ltd que des voyous armés se battent pour diviser le pays.
Pierre NGOM
Les jeunes qui prennent les armes dans les régions du Nord-Ouest et Sud-Ouest, contre leur propre pays, ignorent certainement les principales motivations des leaders de cette barbarie. Il ne s’agit nullement pas de garantir un meilleur avenir pour ces deux régions du pays. Encore que si tel était leur dessein, ils auraient plutôt présenté un projet politique innovant au peuple Camerounais, dans le cadre de la prochaine élection présidentielle. En réalité, leur objectif est de s’en mettre plein les poches, en bradant les ressources naturelles de cette partie du pays. Pour s’en convaincre, l’on peut vérifier qu’en novembre 2012, le «Government of the Southern Cameroons», un groupuscule de Camerounais de la partie anglophone du pays, dont les membres se recrutent essentiellement au sein de la diaspora, ont signé des accords d’exploitation pétrolière avec la société de droit du Belize et domiciliée au Canada, Kilimanjaro Capital Ltd.
Le journal Investir au Cameroun qui révèle cette information, précise qu’à travers ces accords, le gouvernement autoproclamé de l’Etat fantoche de «l’Ambazonie», -nom que prendraient les territoires couvrant les régions actuelles du Sud-Ouest et du Nord-Ouest du Cameroun en cas de succès au bout du protocole de violences mis en route par les indépendantistes-, cède à Kilimanjaro Capital et son partenaire Forest Gate Energy Inc, 80% des droits d’exploration sur les gisements pétroliers de la partie anglophone du Cameroun, notamment ceux de la péninsule de Bakassi. Située dans la région du Sud-Ouest, Bakassi est réputée ultra riche en ressources pétrolières et halieutiques. Une partie de cet argent issue de cette transaction mafieuse finance actuellement les milices séparatistes qui terrorisent les populations dans les régions anglophones.
Paradoxalement, malgré ces faits connus des autorités qui hébergent ces bandits, elles ne prennent aucune mesure pour que ces derniers répondent de leurs actes. «Nous condamnons les discours de haine et les appels à la violence, comme ceux qui émanent d’une infime minorité d’individus nés au Cameroun vivant aux États-Unis», reconnaissait Peter Henry Barlerin, l’ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun le 11 mai dernier, lors de la remise d’un don de deux aéronefs à l’armée camerounaise. Un aveu qui avait inspiré ce commentaire au ministre délégué à la présidence de la République chargé de la Défense :«Le gouvernement camerounais se réjouit de votre condamnation publique en direction de l’opinion nationale et internationale des activistes, dont les donneurs d’ordre du mouvement sécessionniste auquel notre pays fait face en ce moment, sont tapis à l’étranger, en Amérique et en Europe où ils procèdent à des levées de fonds pour venir porter la déstabilisation au Cameroun ». Joseph Beti Assomo avait par la suite lancé cet appel : «Nous comptons sur la coopération active de nos amis pour que leur pays ne serve pas de base de conception, d’endoctrinement, de collecte de fonds pour venir déstabiliser le Cameroun». Un appel qui peine jusqu’ici à être entendu.