Crise anglophone. Les sécessionnistes menacent les parlementaires du Nord-ouest et du Sud-ouest
Esseulés sur la scène internationale, les sécessionnistes en mal de légitimité recherchent le soutien des députés représentants les deux régions en crise à l’Assemblée nationale.
Anaïs FOUMANE
Selon le site de propagande Bareta news, en date du 14 juillet 2018, une déclaration conjointe des groupes armés sécessionnistes faite à Kumba dans le Nord-ouest donne sept jours aux députés représentant le Nord-ouest et le Sud-ouest pour quitter l’Assemblée nationale. Après avoir quittés le parlement, ces députés seront invités à une réunion qui va se tenir dans la ville de Buéa. Les sécessionnistes déclarent par ailleurs qu’au terme du délai fixé pour la démission des députés, ceux qui n’auront pas obéi seront considérés comme ennemi de la “république d’ambazonie” et traités comme tel. Fidèles à leurs méthodes, les sécessionnistes ne reculent devant rien pour concrétiser leur projet de partition. Malheureusement, ils s’obstinent à emprunter des voies qui sont en marge de la légalité, et malgré leurs échecs à répétition, ils ne se résignent pas écouter la voix de la raison. Avant ce repli sur les parlementaires, les sécessionnistes avaient cru qu’ils trouveraient du soutien au sein de la communauté internationale. Cependant à la suite de leurs multiples déconvenues sur la scène internationale, ceux-ci pensent naïvement qu’à force de menaces, ils pourront obtenir gain de cause.
Les actes de vandalisme, les exactions et autres crimes commis sur les personnes hostiles à leur cause discréditent cette révolution. Désormais, même au sein de leurs communautés, ces sécessionnistes ont perdu toute crédibilité. Pour preuve, ils sont obligés de procéder par des menaces pour s’assurer le soutien de politiques originaires de ces deux régions. Si ce combat était juste, si ces revendications pour la création d’un nouvel Etat était ce qu’il y’a de mieux pour le Nord-ouest et le Sud-ouest, il y’a longtemps que de nombreux politiques les auraient soutenues. Mais jusqu’ici même le Social Democratic Front (SDF) parti leader de l’opposition n’a jamais assumé une affinité avec la lutte sécessionniste. Les positions les plus extrémistes ont souvent penché pour un fédéralisme, dont la forme et le découpage restaient encore à discuter, mais jamais aucun politique n’a envisagé la sécession pour le Cameroun. Il est tout à fait compréhensible que ces bandes armées usent de menaces et d’intimidation pour faire accepter leur cause. C’est à force de lettres de menaces, d’enlèvements, d’agressions, d’assassinats, qu’ils ont fait adopter le mot d’ordre de ville morte chaque lundi. Ces mêmes pratiques sont utilisées pour contraindre les travailleurs, les commerçants, à déserter leurs bureaux et commerces pour rendre effectif le sabotage économique dans ces deux régions. Les élèves et étudiants ne sont pas épargnés. Cette démarche vis-à-vis des parlementaires, n’est donc pas une grande surprise, elle permet tout simplement de confirmer que ces sécessionnistes n’ont jamais eu l’intention de dialoguer dans le cadre de cette crise.