Ordre Souverain de Malte. Quand le SDF affiche son ignorance
Dans un élan populiste, le principal parti de l’opposition traite le sujet de droit international de «cercle ésotérique», exposant ainsi sa méconnaissance des organisations internationales.
Pierre NGOM
En l’absence de propositions alternatives crédibles à faire au peuple camerounais, certains partis politiques de l’opposition excellent dans l’invective en cette veille de période électorale. C’est visiblement le cas du Social Democratic Front (SDF), dont le président régional pour le centre, vient de pondre un communiqué de presse au contenu ignoble. Dans ce document qui fait le tour des réseaux sociaux en ce moment, l’Ordre Souverain de Malte est qualifié de « cercle ésotérique » et son Grand Maître, en visite officielle au Cameroun du 16 au 19 juillet, de « Maitre ésotérique ». Le comble de l’ignominie c’est lorsque, dans un élan populiste, Emmanuel Ntonga écrit que « l’absence d’une communication officielle crédite la thèse des affaires très compliquées au sommet de l’Etat », ajoutant qu’« une certaine opinion y voit un possible envoûtement et endormissement d’un peuple qui perd chaque jour ses repères, sans en connaitre les origines ». Quelle imagination ! Laquelle est d’ailleurs doublée d’une mauvaise fois manifeste, tant les autorités ont bien mis à la disposition de l’opinion, des informations complètes et crédibles sur l’Ordre Souverain de Malte qui n’en est pas à son premier passage au Cameroun.
Dans le dossier de presse produit par les services de la Présidence de la République et qui a été publié sur le site de cette institution, on apprend que l’Ordre Souverain de Malte a vu le jour au XIè siècle sous la forme d’une communauté monastique s’inspirant de St Jean-Baptiste. Elle fut officiellement reconnue en 1113 comme un ordre religieux par le Pape Pascal II. L’Ordre souverain de Malte est considéré comme l’un des plus anciens ordres religieux catholiques. C’est un sujet de droit international public exerçant une souveraineté fonctionnelle différente de la souveraineté étatique. Il entretient des relations diplomatiques avec 106 Etats dans le monde et dispose du statut d’observateur à l’ONU.
Le but fondamental de l’Ordre souverain de Malte est la pratique de la charité chrétienne par des œuvres d’assistance, grâce d’une part à ses établissements de soins disséminés sur tout le globe et, d’autre part, à ses formations sanitaires mobiles (trains et avions sanitaires), pour les victimes de catastrophes du temps de paix, et des événements de la guerre. Il est considéré comme un précurseur de la Croix-Rouge. Sa coopération avec le Cameroun, qui date de 1961 bien avant que Paul Biya n’arrive au pouvoir, touche donc uniquement les domaines humanitaires. En dehors de l’Hôpital Saint Jean de Malte de Njombe dans la région du Littoral, l’Ordre soutient la léproserie baptisée Centre Rohan Chabot de Mokolo dans l’Extrême-Nord, et assure le service chirurgical de la léproserie de Nyamsong près de Bafia dans le Centre. Une coopération dans les domaines ophtalmologiques existe également entre l’Ordre et la Fondation Chantal Biya. Au cours de cette récente visite de son Grand Maitre, l’Ordre a également conclu un accord d’assistance en santé militaire avec le Cameroun.