Initiative « All Anglophones Conference ». Début de la sagesse ou manœuvre d’activistes ?
Cette semaine a donc été marquée par le lancement du fameux concept de la conférence générale pour les Anglophones qui aura lieu à Buea et qui vise à baliser la piste du retour à la normalité dans les régions anglophones du pays. À la baguette, le très ondoyant Cardinal Christian Tumi.
Charles ABEGA
Prévue pour les 29 et 30 août prochains dans la ville de Buéa, chef-lieu de la région du Sud-Ouest, cette rencontre hautement importante au regard des enjeux qu’elle alimente, vise à trouver une solution définitive à la situation de crise sociopolitique et sécuritaire qui prévaut dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Le Cardinal Christian Tumi a donc rendu public mardi 25 juillet dernier, un communiqué cosigné par le révérend George Babila Fochang de la Presbyterian Church in Cameroon, l’imam Turkur Mohammed Adamu de la Mosquée centrale de Bamenda, l’imam Alhadji Mohammed Aboubakar de la Mosquée centrale de Buéa, et lui-même naturellement, à la base de l’initiative. Dans ledit document, il invite le gouvernement, les populations et tous les acteurs de la crise, à œuvrer pour le succès de cette initiative. . « Nous prions dans cette lancée, le gouvernement camerounais, à créer les conditions favorables à la tenue de ladite conférence », ont-ils souhaité. Ces dignitaires religieux invitent Bernard Okalia Bilaï et Adolphe Lelé Lafrique, respectivement gouverneurs des régions du Sud-Ouest et du Nord-Ouest, à prendre personnellement part à la CGA.
Si l’initiative de cette plate-forme est la bienvenue à la lumière du contexte sociopolitique et sécuritaire qui est celui que traverse cette partie du pays depuis bientôt deux ans, il importe tout de même de noter ici que les conditionnalités mises en avant par les initiateurs laissent dubitatifs plus d’un quant à son issue. Il y a notamment des exigences portant libération sans condition, de toutes les personnes détenues pour leur implication dans les exactions et actes de violence enregistrés dans ces localités depuis 2016. Une demande qui, précisément, n’est pas pour faciliter le dialogue avec le gouvernement qui de son côté, se bat depuis le début de cette crise pour ramener paix et stabilité, malgré le front justement entretenu par certains de ces détenus. Or, relaxés, qui paiera pour leurs crimes ?
Autre aspect et pas des moindres, réside bien dans le profil des participants, à partir du principal acteur à savoir, le Cardinal Christian Tumi lui-même. Lui principal pourfendeur de toutes les démarches républicaines se serait-il subitement rapproché des idéaux de paix et de stabilité depuis longtemps défendus par le Président de la République ? Aurait-t-il décidé inopinément de « lâcher » tous les activistes de la sécession qu’il défendait si vigoureusement hier encore ? Il y a visiblement des raisons de sonder les motivations de l’homme de Dieu retraité. Et puis, pourquoi restreindre cette concertation aux seuls enfants des régions en crise quand on sait qu’elle déteint amplement sur tout le pays puisque les victimes ne sont pas uniquement originaires de cette zone? Tous ces éléments des Forces de Défense et de Sécurité lâchement assassinés, tous ces opérateurs économiques pillés, tous ces fonctionnaires et représentants de l’administration publique attaqués, etc. qui parlera pour eux ? Après le retour à la paix, ce qui reste le vœu de tous, la zone n’appartiendra-t-elle qu’aux seuls originaires de la zone anglophone ?
Décidément, cette initiative devrait revoir ses fondements si elle vise vraiment de nobles objectifs. À moins que nous soyons en présence là, d’un potentiel cheval de Troie.