Présidentielle 2018. La difficile coalition de l’opposition
Après la publication de la liste des candidats retenue pour le scrutin du 7 octobre prochain, un enthousiasme s’est créé autour de l’idée d’une possible coalition de l’opposition. Chemin faisant, les candidats ont de plus en plus à mal à s’aligner les uns derrière les autres.
Anaïs FOUMANE
C’est pourtant ce qui, de l’avis des observateurs nationaux et internationaux, peut faire pencher la balance en faveur de l’opposition, une coalition de celle-ci. Le scrutin du 7 octobre prochain n’a en effet de véritables enjeux que si une opposition unie affronte l’inamovible Paul Biya, riche de son expérience et de sa présence dans les coins les plus reculés du pays. Cependant, on peut observer que l’enthousiasme qui a fait dire à certains candidats qu’une union sacrée de l’opposition autour d’une candidature unique était possible s’effrite peu à peu…Un peu comme si au fond, aucun candidat n’a jamais réellement voulu coaliser. En conférence de presse ce 15 août dans la ville de Douala, le candidat du Social Democratic Front a rappelé que l’idée d’une coalition reste envisageable si son parti porte la candidature. Une déclaration péremptoire qui finalement ne surprend pas vraiment. Joshua Osih du SDF n’a jamais présenté un véritable intérêt pour la coalition. le score historique (35,9 % contre 39,9 pour le RDPC) obtenu par ce parti lors de la première présidentielle multipartite organisée en 1992, est une référence qu’il invoque souvent pour dire que son parti a les atouts nécessaires pour challenger le RDPC, parti au pouvoir. Aujourd’hui, conscient qu’une certaine opinion nationale est en faveur de la coalition, le candidat Joshua Osih, évite de heurter cette opinion mais pose des conditions dictatoriales pour sa mise en oeuvre. C’est le même son de cloche chez le candidat de l’Alliance Démocratique pour le Développement. Au cours d’une interview accordée à la chaîne Canal 2 ce mardi 14 août, il n’a eu de cesse de vanter son potentiel et d’affirmer qu’il a une bonne longueur d’avance sur tous les autres sept candidats de l’opposition. Une mise en avant qui renseigne suffisamment sur son approche de la coalition, si jamais elle devait se faire, il faudrait que les autres s’alignent derrière lui et jamais l’inverse.
Bien sûr, les espoirs de voir enfin l’opposition parler d’une seule ne sont pas totalement perdus. Le jeune Cabral Libii, affirme qu’il s’investit dans ce sens. Il est allé plus loin dans l’idée en évoquant même un processus assez démocratique pour la désignation d’un candidat unique de l’opposition, une sorte d’élections primaires. Après avoir initié des plateformes de rencontre pour construire cette coalition bien avant le dépôt des candidatures, l’ancien bâtonnier Me Akere Muna, semble désormais traîner le pas pour concrétiser le projet. De son coté, Maurice Kamto du MRC a annoncé qu’il a rencontré en date du 9 août le candidat Cabral Libii pour des discussions dans le sens d’une coalition. Les autres candidats sont moins diserts sur la question. A quelques semaines seulement de la tenue du scrutin, les partisans d’une coalition forte de l’opposition désespèrent de voir enfin ces leaders politiques taire leur égo pour désigner et soutenir LE CANDIDAT de l’opposition.