Sécurité alimentaire. Pas de famine dans les régions anglophones
Conclusion d’une étude menée sur le terrain par le ministère de l’Agriculture et du Développement rural.
Pierre NGOM
De juin à août 2018, les trois régions de l’Ouest du pays ont fait l’objet d’une étude menée par Programme national de veille et de renforcement de la sécurité alimentaire (PNVRSA). Au cours de cette période, 223 experts se sont déployés dans 21 départements dont six du Sud-ouest, sept du Nord-ouest et huit de l’Ouest. De la restitution de l’étude faite 13 août dernier, il en ressort que bien que 20 % de la population est en insécurité alimentaire, aucun département n’est menacé de famine.
Selon le cadre harmonisé de sécurité alimentaire entrée en vigueur cette année au Cameroun, la famine correspond à la phase 5, étape extrême de l’insécurité alimentaire. Au cours de cette phase, «Même avec l’aide humanitaire, au moins un ménage sur cinq dans la zone a un déficit complet en alimentation et/ou autres besoins de base et est clairement exposé à l’inanition, à la mort et au dénuement». Un rappel précieux fait par le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Henri EyebeAyissi, présent à la restitution de l’étude. Cette classification se fait à partir des indicateurs appelés «preuves directes». Ce sont par ordre: la consommation alimentaire, les moyens d’existence, l’état nutritionnel et la mortalité.
La situation est donc loin d’être alarmante dans cette région du pays. Mais d’après le coordonnateur du PNVRSA, il y a lieu de maintenir une surveillance accrue car du fait de la crise sociologique en cours dans les régions anglophones,le spectre de la crise alimentaire (3e étape de l’insécurité alimentaire)plane.Selon Marie-JeanineNkodoAtanga, si rien n’est fait, quelque 485 576 personnes pourraient se retrouver en phase de crise alimentaire entre mars et mai 2019 dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest et la région voisine de l’Ouest.
Heureusement, le président de la République, visionnaire, a instruit en juin dernier, la mise en œuvre d’un plan d’assistance humanitaire d’urgence en faveur des populations des régions du Nord-ouest et du Sud-ouest. D’un coût global de 12,7 milliards de francs le plan va rétablir un cadre de vie propice à l’épanouissement et au développement des communautés affectées par la crise; apporter une assistance humanitaire d’urgence aux populations en détresse; assurer la réinsertion socio-économique des populations affectées; promouvoir la cohésion sociale et le vivre-ensemble et réhabiliter les infrastructures détruites.La distribution des aides constituée de produits alimentaires (sacs de riz, cartons d’huile, cartons de sardines, cartons de sucre), de matériel de première nécessité (couvertures, matelas), d’un kit hygiénique (cartons de savons, seaux, serviettes, pâte dentifrice…), du matériel agricole (semences, engrais, …), de matériel de construction, d’un kit scolaire ont d’ailleurs déjà débuté sur le terrain.