Campagne présidentielle 2018. La toile comme terrain de prédilection de l’opposition
Il faut conquérir l’électorat potentiel et pour cela, tous les moyens sont bons. Les candidats n’attendent très souvent pas le lancement officiel de la campagne, pour s’offrir des tribunes opportunes dans la médiasphère.
Charles ABEGA
Près de quatre-vingt-dix médias, toutes tendances confondues, constituent le paysage audiovisuel camerounais actuel. Autant de tribunes et d’opportunités saisissables pour tous ceux en quête de visibilité pour leurs actions, leurs personnalités, leurs idéologies, ou leurs produits et services. Et les acteurs politiques, en termes d’opportunistes, pourraient très vite devenir les premiers clients de ces vitrines, très spécialement en cette période pré-électorale, avant que ne soit donné officiellement, le coup d’envoi de la campagne proprement-dite.
On les surprend donc majoritairement sur la toile, à travers sites Internet traditionnels, réseaux et autres médias sociaux, essayant de déployer des bribes d’un programme sociopolitique, d’envisager quelques perspectives économiques, ou encore de projeter une certaine vision des systèmes de santé ou d’éducation. Le choix du Web repose certainement sur la spontanéité du contenu projeté, la difficulté de contrôle et la capacité quasi nulle d’anticiper pour le régulateur, la légèreté permise dans la qualité des contenus vendus aux internautes, et bien évidemment l’accessibilité plus qu’aisée car, il suffit juste d’un téléphone portable pour se transformer en chaîne de télévision. L’on a ainsi pu voir des militants du MRC dans les rues de Bafoussam provoquer les FMO (Forces de Maintien de l’Ordre) qui encadraient leur manifestation, mais prétendre que la même manifestation était réprimandée. Il faudrait noter ici que le préfet avait pourtant pris la peine de leur signer toutes les autorisations, tenant compte du caractère de la manifestation et des sites sollicités. Une fois sur le terrain, le leader du parti et ses affidés ont choisi délibérément d’ignorer l’itinéraire préalablement indiqué aux autorités. A travers des comptes Facebook, Twitter, et autres Whatsapp, ils ont pris la peine de ne montrer que ce qui les arrangeait, hurlant à la tyrannie et à la dictature qui fait tout pour mettre à mal leur leader.
Et c’est également sur la toile que l’on suivra, des discours de certains candidats, les appels à soutenir tel ou tel leader, la mise en route et le monitoring des propagandes anti-Biya, etc. Rappelons que dans le cadre du scrutin électoral à venir, la campagne sera officiellement lancée quinze jours avant le jour des élections et close la veille à minuit, comme le prévoit la constitution. Alors aujourd’hui, les hommes politiques jouent au petit malin et essaient donc de s’accaparer le moindre espace possible pour se mettre en avant. Résultats des courses, on squatte sur la toile, quand on ne parvient pas à se faire recevoir sur les plateaux politiques des chaînes traditionnelles. Ça coûterait quelques pécunes dans les poches de présentateurs et réalisateurs.