Cameroun : les enjeux de la paix en contexte œcuménique
Les fêtes religieuses se déroulent tout au long de l’année. Les Camerounais, toutes obédiences confondues, démontrent leur osmose pour le vivre ensemble. Ce contexte religieux pourrait par contre servir de moule au contexte culturel global qui ne pose en réalité aucun problème, sinon celui de la politisation du climat sociopolitique par des apprentis-sorciers.
La colonne vertébrale sociale du Cameroun est certainement la tolérance. La laïcité est construite depuis par le président Paul Biya, dans les perspectives de l’unité dans la diversité. C’est d’ailleurs un héritage qui singularise l’ADN camerounais. Pendant les fêtes chrétiennes, les familles musulmanes s’intègrent dans les festivités, s’unissent à leurs frères et sœurs chrétiens pour commémorer la naissance du Christ. Le retour des civilités est respecté par les chrétiens qui sont à la table des musulmans à l’occasion de la fête du ramadan et celle du mouton. Dernièrement, le chef de l’Etat a soutenu les pèlerins qui s’en allaient à la Mecque. La clé de cette entente se résume tout simplement au respect de l’autre, tout comme il s’agit aussi de respecter sa liberté qui s’arrête où commence celle de l’autre. Toutes les religions au Cameroun se pratiquent dans ce réglage, et même les religions qui tendent à développer de l’extrémisme dans le sens de poser une entorse à la laïcité sont tout simplement suspendues par l’autorité administrative compétente qui agit dans le cadre d’un trouble à l’ordre public. Le cadre de l’expression de laïcité au Cameroun est exceptionnel et est un exemple en Afrique jusqu’au point de se traduire par un mouvement œcuménique positif. L’on comprend alors difficilement comment ce châssis ne pourrait pas porter également le pan linguistique remis en cause aujourd’hui et qui agite dans le fond, la crise dite anglophone.
Le plus difficile est d’avoir une culture de tolérance. Cette culture, au fil du magistère de Paul Biya, a été son cheval de bataille, dans la perpétuation de l’unité nationale. La posture d’une grande partie de l’élite du Sud-Ouest, dénonçant l’irrédentisme des sécessionnistes démontre une bien curieuse dissonance entre ceux qui attisent les mouvements séparatistes et les autochtones, garants et propriétaires des lieux. Même son de cloche pour une partie des élites du Nord-Ouest, peut-être timides, craignant des représailles, mais désireux de voir cette mascarade sécessionniste s’arrêter. En analysant ces différentes typologies, l’on se rend compte qu’il ne reste en réalité que les coriaces agitateurs de la diaspora instrumentalisés ou manipulés, et des pions locaux qui ne sont que des marionnettes inscrits dans l’entreprenariat du crime, et qui malheureusement réalisent aujourd’hui qu’ils peuvent générer des ressources par le pillage et le chaos. Les vidéos mises sur les réseaux démontrent un peu la dérive que prennent ces groupes terroristes qu’il sera difficile de décontaminer.
La question de la paix au Cameroun en général et dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest en particulier, est la principale préoccupation du gouvernement. Les candidats jusqu’alors ne nous montrent pas une envergure nationale, mais celle de chefs de tribus qui embaument l’atmosphère politique d’un fort piment tribaliste. L’on comprend cette précaution stratégique, qui s’inscrit dans la séparation pour mieux régner. La question de l’heure est pourtant simple : que chaque candidat s’exprime sur la forme de l’Etat qu’il entend implémenter pour que les Camerounais, finalement, sachent sur quel pied danser.