Mouvement sécessionniste. L’école prise en otage
Les leaders sécessionnistes réunis à Washington les 17 et 18 août, affirment qu’il n’y’aura pas reprise des cours dans les régions du Nord-ouest et du sud-ouest en septembre 2018.
Anaïs FOUMANE
L’éducation élémentaire est obligatoire et gratuite pour tous selon les textes nationaux et internationaux. Un droit bafoué au Cameroun depuis 2016 dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest. Le mouvement sécessionniste a institué depuis le depuis de la crise le boycott de l’école pour contraindre le gouvernement à accepter la partition du pays. À quelques semaines de la reprise des cours, les leaders sécessionnistes entendent poursuivre ce veto sur l’éducation malgré les voix qui s’élèvent pour condamner ce crime. Réunis à Washington les 17 et 18 août, les leaders sécessionnistes ont pris une série de mesures dans le sens de radicaliser leur lutte. À cet effet, les ambazoniens prévoient que la reprise des écoles pourrait se faire seulement en septembre 2019, le temps que leur lutte aboutisse. Une décision qui contraste avec le vœu des populations locales qui mesurent le poids de ce boycott sur l’avenir des enfants. Le boycott de l’école décidé depuis 2016, a rencontré la détermination du gouvernement qui s’emploie à garantir la sécurité des élèves et du personnel enseignant. Toutefois malgré les mesures de sécurité prises, certains élèves ont dû faire face aux violentes représailles des bandes sécessionnistes. De leur propre aveu, ces bandes sécessionnistes n’ont aucune pitié pour tous ceux qui désobéissent à leurs instructions. Les leaders sécessionnistes prétendent par ce boycott arrêter la violence mentale perpétrée contre les enfants ambazoniens. Des enfants qu’ils disent être soumis à un système éducatif qui les oblige à accepter la citoyenneté de seconde classe. Des affirmations qui n’ont aucune pertinence quand on sait que le sous-système éducatif anglophone est très sollicité et notamment par les familles francophones. Ces familles qui font de plus en plus le choix de scolariser leurs enfants dans les écoles purement anglophones ou du moins bilingues. Il est difficile d’imaginer que de nombreuses familles choisissent de scolariser leurs enfants dans un système qui forme des citoyens de seconde zone. Cet argumentaire n’est en réalité qu’un faux prétexte pour justifier le maintien du boycott des écoles. Malgré les critiques des populations et de la communauté internationale, les leaders sécessionnistes s’obstinent à perpétrer le chaos alors même qu’ils veillent à l’éducation de leur progéniture dans leurs pays d’accueil.
Quoiqu’il en soit, le gouvernement et de nombreuses initiatives privées ont mesuré l’ampleur de la menace et parent au plus urgent. En attendant qu’une paix durable soit restaurée dans ces régions, les villes environnantes sont préparées à accueillir un surplus d’élève à l’occasion de cette rentrée scolaire. Dans la seule ville de Douala, l’on dénombre à ce jour près de 30 nouveaux groupes scolaires intégrant chacun l’enseignement primaire ainsi qu’une section secondaire, tous uniquement réservés aux élèves d’expression anglaise. La mêmeeffervescence est perceptible dans les villes de Yaoundé et de Bafoussam. Aussi, plusieurs lycées et CES vont connaître une mue et devenir officiellement des établissements bilingues. Bien évidemment, toutes ces transformations se passent sous le contrôle du gouvernement qui met un point d’honneur aux respects des normes requises en la matière.