Cybercriminalité. La visite de Facebook mal comprise
Depuis le passage des responsables du réseau social dans pays, des activistes accusent, à tort, le gouvernement de collusion avec la firme américaine.
Pierre NGOM
Depuis le blocage, le 21 août dernier, de son compte Facebook, J. Rémy Ngono, un activiste Camerounais installé en France, accuse le gouvernement camerounais d’être à l’origine de sa mésaventure. Sa seule «preuve»: la visite de travail d’une délégation du réseau social effectuée du 6 au 15 août dernier au Cameroun. Depuis l’affaire a été récupéré par une bande d’individus dont l’animosité et la mauvaise fois à l’endroit du régime en place sont de notoriété publique. Sauf que, leur entreprise de dénigrement est tellement grossière qu’elle ne résiste pas à l’épreuve des faits.
D’abord, contrairement à ce qui se dit, les responsables de Facebook sont venus au Cameroun à leur propre initiative. Selon un membre de cette délégation, ça faisait d’ailleurs un peu plus de deux ans que la société américaine souhaitait venir au Cameroun. En plus, ce sont les représentants du réseau social qui ont proposé d’accompagner le gouvernement camerounais dans la tâche salutaire d’identification et de suppression des «fake news» au cours de la période électorale. Pas pour les beaux yeux des autorités camerounaises mais parce que cela s’inscrit en droite ligne de la démarche globale engagée par la société américaine pour redorer son blason terni notamment par son palmarès peu glorieux de premier diffuseur de fausses informations.
Nouvelle donne
Accusé d’avoir laissé se propager des rumeurs à l’origine de heurts, tout particulièrement en Birmanie et au Sri Lanka, Facebook a en effet annoncé le 18 juillet qu’il allait supprimer certaines « fake news», si ces dernières étaient susceptibles de déboucher sur des actes violents. «Ces règles devraient être progressivement élargies au monde entier», promettait le réseau social. Au Cameroun, la collaboration avec le gouvernement, capable de faire la distinction entre le bon grain et l’ivraie, est donc nécessaire.
Dans le même sillage ce 21 août, l’entreprise américaine a informé qu’elle avait mis fin à des opérations de manipulation de grande envergure, initiées en Iran et en Russie, dont les cibles étaient l’Amérique latine, les États-Unis, le Royaume-Uni et le Moyen-Orient. Facebook a aussi reconnu qu’il n’était pas possible de s’attaquer seul au problème et précisé avoir collaboré avec les forces de l’ordre, des experts et d’autres compagnies.
Les utilisateurs de Facebook partout dans le monde doivent donc s’habituer à cette nouvelle politique librement mise en œuvre par l’entreprise américaine ; l’enjeu étant notamment pour elle de restaurer la confiance pour gagner de nouvelles niches de marché. Par ailleurs, c’est complètement ridicule de penser qu’un État comme celui du Cameroun peut acheter une grosse firme comme Facebook qui pourrait à lui tout seul avaler plusieurs fois le budget annuel du pays.