Présidentielle 2018 Les programmes des candidats mis à mal
Depuis qu’ils défilent sur les plateaux de télévision, certains candidats anticipent sur le lancement officiel de la campagne et proposent déjà au public leurs ambitions. Or, ces propositions sont littéralement battues en brèche par l’opinion à l’affût.
Charles ABEGA
Cabral Libii que l’on surnomme « le Macon camerounais » pour sa prétention à donner une cure de jouvence au pouvoir suprême, est celui qui est en ce moment sur le grill tout vif des critiques. Il lui est notamment reproché d’avoir prétendu qu’en cas de succès au prochain scrutin, il réévaluerait le SMIC, offrirait à tous les Camerounais des soins de santé au frais de la princesse, élargirait l’assiette fiscale, etc. Pour les experts en économie, c’est une véritable suite de balivernes débitée par celui qui estime être porteur des espoirs d’un pays aussi sensible que le Cameroun. On a tout de suite vu en lui ce manque total de maturité et une comparaison totalement tronquée avec le Président français qui serait son référent. Car, en terme de parcours, les états de service d’Emmanuel Macron avant le Palais de l’Elysée sont fort probants.
Tenez, le dirigeant français s’est bâti une base politique solide au MDC (Mouvement Des Citoyens) de 2002 à 2004, au PS (Parti Socialiste) de 2006 à 2009, au SE de 2009 à 2016, avant de lancer lui-même En Marche (EM) / La République En Marche (LREM) depuis 2016, bannière sous laquelle il gère aujourd’hui la France. Par ailleurs, sorti de l’ENA en 2004, cet inspecteur des finances a été dans la finance internationale notamment avec la banque d’affaires Rothschild & Cie avant d’en devenir associé-gérant ; il a assumé de hautes fonctions dans la République déjà comme Secrétaire général adjoint au cabinet du Président de la République François Hollande en 2012, après avoir collaboré avec lui lors de sa campagne ; en 2014 il devient ministre de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique, avant de fonder son propre mouvement politique baptisé En Marche en 2016 et de démissionner du gouvernement pour concrétiser son ambition profonde.
Si « comparaison n’est pas raison » il convient tout de même de dire ici que, la rhétorique mise en avant par Cabral Libii manque à la fois de profondeur, de pertinence et de sincérité. Et tous les experts s’accordent là-dessus. Pour certains même, le jeune universitaire aurait dû, au sortir de son dernier plateau sur la CRTV, mettre résolument un terme à ses prétentions politiques, tout au moins pour cette saison. Il se serait alors tiré tout seul, une balle dans le pied.