Nord-Ouest/Sud-Ouest. La question de l’école divise les sécessionnistes
Parmi les nombreux points de discorde qui fragilisent le mouvement sécessionniste, la question de l’éducation est celle qui crée le plus de scissions. A une semaine de la rentrée scolaire, de nombreux parents sont inquiets.
Anaïs FOUMANE
Les leaders sécessionnistes sont désorientés. A quelques jours de la reprise des classes sur toute l’étendue du territoire, ils font face à la grogne des populations. Celles-ci craignent de devoir scarifier une année scolaire, d’autant plus les deux années précédentes ont été marquées par des violences. L’année 2017 a été particulièrement perturbée, ce qui a impacté les résultats en fin d’année. Selon les statistiques, le taux de réussite au GCE en 2017 est de 41,16% au Sud-ouest contre 60% en 2016. Du côté du Nord-Ouest, on est passé d’un taux de réussite de 52,86% en 2016 à 44,14% en 2017. Malgré cette tendance baissière, il est important de souligner que les efforts sont restés constants tant au niveau du personnel enseignant que du côté des élèves, démontrant une volonté farouche à mener à bien leurs activités malgré les menaces sécessionnistes. En effet, à l’occasion de la rencontre de Washington le 18 août courant, les leaders sécessionnistes ont convenu parmi d’autres mesures, de poursuivre le boycott de l’école dans les deux régions, et cette fois avec plus de virulence. La question a d’ailleurs fait l’objet de plusieurs publications sur les plateformes animées par l’activiste Mark Bareta. Des vidéos qui intiment l’ordre aux parents de ne point envoyer les enfants à l’école sous peine de se faire mutiler les bras ou pire se faire tuer.
Les vives réactions de protestations à la suite de ces publications montrent que la question du retour ou non à l’école est une véritable pomme de discorde au sein du mouvement. Pour l’opinion, interdire la reprise des cours est une violation d’un droit fondamental édité par les textes internationaux. Aussi interdire l’école à ces jeunes enfants c’est se mettre à dos la communauté internationale alors même que les sécessionnistes espèrent leur soutien. Les parents redoutent le sombre avenir qui sera réservé à leurs enfants si ces derniers se mettent en marge de l’éducation. Ils condamnent par ailleurs cette prise de position des leaders sécessionnistes, lesquels sont tous résidents à l’étranger et n’ont aucun problème à scolariser leur progéniture. Tiraillés par la contestation les leaders se rétractent peu à peu et affirment désormais que l’école pourra reprendre dans les localités qui sont sous le contrôle des ambazonniens. Une véritable hérésie, quand on sait que l’armée camerounaise est à pied d’œuvre pour garantir l’intégrité du territoire. Et quand bien même il y aurait eu des territoires sous occupation terroriste, de quels moyens financiers, humains, didactiques disposeraient-ils pour garantir l’éducation aux enfants ? Comme à leur habitude, les sécessionnistes veulent imposer leur vision par l’argument de la force, toutefois, ils ne peuvent indéfiniment s’opposer à la volonté des populations. Les populations tout comme les élites souhaitent la reprise des cours dès le 3 septembre prochain. C’est également le vœu du clergé qui s’est exprimé sur la question. Réunis en conférence épiscopale du 16 au 23 aout à Bamenda, les évêques insistent pour la reprise des cours dans l’intérêt des communautés de ces régions