Acquisition d’armes pour l’Ambazonie. Patrice Nganang se fait rouler comme un bleu
Ils parlent de gérer un nouvel État, d’autonomie, de capacité à mobiliser des partenaires à l’international ; pourtant, l’amateurisme dont font preuve les leaders sécessionnistes est tout simplement du domaine du puéril.
Charles ABEGA
Entre mai et juin 2018, Patrice Nganang aurait été contacté par Ebénézer Akwanga, leader sécessionniste, dans l’espoir d’acquérir un armement de guerre moderne, pour leurs troupes actives dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest. Nganang qui prétend être très introduit, se met à remuer ses réseaux puis tombe sur un vétéran de la guerre du Kossovo, le Serbe Djordjevic, devenu un relais dans des opérations illégales de ventes d’armes. Le Serbe ravitaillerait alors des rebelles sud-américains et autres mercenaires en Afrique, sous le couvert de la firme Zastava Arms. Après de premiers échanges téléphoniques, ils s’accordent sur le fusil d’assaut « Zastava M21 » version long canon, équipée d’une lunette à vue nocturne et ayant une portée de 600 mètres. Une arme visiblement avantageuse pour les combats de guérillas urbaines. Nganang revient donc vers le gouvernement intérimaire de l’État fantôme et rend compte. Il lui sera versé entre le 24 et le 26 juillet un montant à ce jour non déterminé, pour l’acquisition de cinq cargaisons de douze armes chacune. Le premier acompte est versé à Dubaï à un émissaire du Serbe, un certain Ifeany alias « Godfather », Nigérian connu du milieu de la drogue et des faux billets et vivant aux Emirats Arabes Unis, avec un passeport camerounais. Le 10 août, une partie de cette cargaison arrivera à Batibo en provenance de Douroukou à la frontière libyenne, Zinder puis Konni au Niger, Sokoto, Yola et Taraba au Nigeria, et enfin du département de la Menoua au Cameroun. Field Marshall aura le privilège de les brandir dans sa dernière vidéo ante-mortem.
Seulement, au moment de la mise en service de ces équipements militaires, les sécessionnistes se rendront rapidement compte qu’ils sont quasiment en possession de jouets. Ce qui est en apparence des armes n’est en fait qu’un emballage vide de tout accessoire opérationnel. Elles sont toutes dénuées de percuteurs et le système de rechargement par emprunt de gaz qui permet aux munitions de s’emboîter du chargeur pour le canon est juste hors d’usage. Bref, aucune des armes brandies par les séparatistes ne peut sortir la moindre balle.
Voilà en fait résumé, quelques révélations issues de l’exploitation d’un leader militaire du mouvement indépendantiste, en détention dans les cages des Forces de Sécurité camerounaises. Comment certains peuvent-ils continuer de mettre leur confiance en tels quidams ?