Ras-le-bol. Les populations entrent en guerre contre les sécessionnistes
Fatigués par près d’un an d’agression, les habitants des régions anglophones multiplient des initiatives pour se repousser les assauts des terroristes.
Pierre NGOM
Destructions de biens, paralysie de l’activité économique, incendies d’écoles; rapts d’enseignants, de prêtres…; violes de femmes, raquettes, meurtres… Par leurs propres actions, les sécessionnistes ont fini par convaincre les populations de la vacuité de leur projet. Et depuis quelques mois, les habitants du des régions anglophones bravent la peur pour exprimer leur ras-le-bol. La dernière expression de cette exaspération s’est manifestée le 7 septembre dernier à Bamenda.
Ce jour-là, des femmes regroupées au sein d’un collectif d’organisation de la société civile, se sont retrouvées dans un stade de la ville pour dire en cris, pleure et chants leur agacement face aux abus subis de la part de groupes armés sécessionnistes. «Les femmes ont besoins de la paix. Toutes les forces cessez le feu. Créez un environnement favorable au dialogue sincère. Le dialogue est la voie qui mène à la paix, dialoguons. Les armes ne parlent, ce sont les gens qui parlent. Nous voulons nos enfants et nos maris. Notre famille ce sont nos enfants. La guerre est coûteuse, la paix n’a pas de prix », pouvait-on lire sur leurs pancartes. Les femmes du Nord-ouest marchent sur les pas de leurs sœurs de Buea dans la Sud-ouest qui avait, elles aussi, réclamé le mercredi 29 août, la fin des violences et le retour à la paix.
Le ras-le-bol est tel que, cette résistance prend de plus en plus des formes armées. A Tugi par Mbengwi le 30 août dernier, les Bororos, une communauté nomade de la région, ont réussi l’exploit, après une rude bataille, de capturer deux séparatistes et les remettre aux Forces de Défense et de Sécurité. Le 8 septembre dernier, les mêmes populations Bororos mais cette fois du village Romock dans la région du Nord-ouest, organisées en comité de vigilance, capturaient et remettaient aux Forces de Défense et de Sécurité le prénommé Godlove, présenté comme un commandant d’une de ces milices qui sèment la terreur dans la région.
Cet engagement est à saluer d’autant qu’il sera déterminant pour venir à bout des forces séparatistes. En félicitant les comités de vigilance la semaine dernière, le président de la République, Paul Biya, a d’ailleurs parlé de leur soutien comme décisif dans le combat mené contre les hordes terroristes dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest. Il est aussi le signe de la consolidation du lien Armée-Nation. Fini dont le temps où les populations regardaient sans broncher les attaques contre les symboles de l’autorité de l’État (forces de défense et de sécurité, autorités administratives, etc.). Le temps a permis aux habitants de ces régions de bien se rendre compte que, comme l’indiquent les autorités depuis le début, ces barbares ne sont mus par aucune ambition légitime.