Discours de haine dans les médias. Le CNC tire la sonnette d’alarme
Selon le Conseil national de la communication, le phénomène qui a des dégâts sociaux incommensurables prend de l’ampleur dans le pays.
Pierre NGOM
Le Conseil national de la communication (CNC) organise ce 11 septembre 2018, un séminaire national de sensibilisation sur le discours de haine dans les médias au Cameroun. Selon les organisateurs, « l’intérêt de ce séminaire se justifie par la nécessité de poser un diagnostic général au sujet du discours de la haine dans les médias, d’évoquer les conséquences qui en résultent et de susciter des solutions appropriées au contexte camerounais, en vue de l’éradication de ce phénomène qui dresse le lit de la désunion et de nombreux autres maux sociaux ».
Ces travaux tombent à point nommé. Tout observateur averti peut en effet se rendre compte que l’on enregistre de plus en plus dans les médias camerounais, la publication d’informations et la diffusion de programme mettant en exergue des propos incitant à la violence, à l’exclusion, à la stigmatisation où à la sédition. Cette tendance générale qui s’inspire notamment des réseaux sociaux, est particulièrement amplifiée par les péripéties des différentes situations de crises que connaît actuellement notre pays dans les régions de l’Extrême-Nord, du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Les terroristes sécessionnistes qui ont fait de la manipulation une technique de communication, empoisonnent particulièrement les réseaux sociaux de leurs messages de haine et d’appels à la violence. Ayant constaté l’ampleur du fléau, la firme américaine Facebook, propriétaire d’une demi dizaine de réseaux sociaux, a spontanément envoyé au Cameroun, au mois d’août dernier, deux représentants venus entretenir la communauté sur les méthodes de lutte contre les «fake news».
L’objectif de l’initiative du CNC vise donc à susciter auprès des professionnels des médias une attitude de professionnelle favorable à la protection des valeurs nationales essentielles que sont la dignité humaine, la paix sociale, l’unité nationale et l’intégrité du territoire. Il est en effet du rôle du Conseil de veiller au respect de la paix sociale, de l’unité et de l’intégration nationale dans les médias conformément aux termes de l’article 4 du décret du 23 janvier 2012 portant réorganisation de l’institution que dirige Peter Essoka. Pour y parvenir, plusieurs exposés sont programmés. Une présentation sera faite par l’expert de l’Unesco Moussa Sawadogo. Elle permettra aux hommes de médias de pouvoir identifier un discours de haine, d’en savoir davantage sur ses manifestations et ses conséquences. Il s’agira aussi d’outiller les participants aux mécanismes d’éradication du discours de haine et de protection des consommateurs des produits médiatiques. Cet exposé sera l’œuvre du Directeur de l’Ecole Supérieure des Sciences et Techniques de l’Information et de la Communication (ESSTIC), en la personne du Pr Boyomo Assala.