Colères et contestations d’anglophones. Le réveil d’un peuple abusé et excédé
Se sentant largement abusées et ostracisées par les leaders sécessionnistes qui apparaissent de plus en plus sous leur vrai jour, les populations des régions anglophones en crise se lèvent aujourd’hui pour crier leur ras-le-bol et surtout, faire front unanimement face à la racaille qui voudrait étaler de la pourriture sur une partie du pays.
Charles ABEGA
Après un début un peu hésitant, les populations des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest quasiment tenues en otages depuis un an, sortent progressivement de leurs refuges pour dire avec véhémence NON. Si tout est parti du discours du maire de Buea après l’enlèvement de sept chefs traditionnels de sa région d’origine il y a deux mois, avec précisément une marche très courue, un discours agressif et une action radicale contre les terroristes qui a abouti à la libération des autorités kidnappées, il convient de rappeler que l’émulation est certaine et apparente bien au-delà du Sud-Ouest. L’effet boule de neige est bien là. Les femmes de Buea ont publiquement manifestées, exigeant un retour sans conditions à la paix, dans tous les secteurs d’activités ; à Bamenda réputé plus dure que la capitale de la première région citée, l’on a également vu des femmes exprimer leur sentiment de frustration et dire toute leur exaspération face à toutes les violences et exactions orchestrées dans ces localités depuis de très longs et pénibles mois, sous le voile d’une lutte sécessionniste que rien ni personne ne légitiment.
Seulement dans les deux régions directement impliquées, plus d’une vingtaine de manifestations anti-sécessionnistes ont été déployées sur la place publique, par des populations fatiguées de courir, de se cacher, d’être violées, enlevées, rançonnées et endeuillées continuellement et brutalement par une horde de hors-la-loi qu’entretiennent des brigands d’une autre race, bien au chaud, très loin du théâtre des opérations avec leurs familles. À côté des marches, des piles de courriers sont adressées au quotidien aux autorités de Yaoundé, déjà pour marquer un rejet et se désolidariser de l’action dévastatrice que certains entretiendraient ou mèneraient sur le terrain, prétendant représenter l’entièreté des populations anglophones du Cameroun ; ensuite pour renouveler au gouvernement, tout leur soutien dans les efforts de pacification et de développement du pays entrepris depuis des années, et dont leurs localités ont bénéficié, sans aucune distinction ; enfin, inviter ces mêmes institutions à renforcer le dispositif sécuritaire dans la zone en crise, avec une promesse ferme de collaboration avec les Forces de Défense et de Sécurité déployées sur le terrain.
Il faut noter que ces appels viennent aussi bien des régions en crise que du reste du territoire national, et plus encore de la diaspora, sans aucune distinction d’appartenance ethnique ou tribale, de sexe, de religion ni même de classe sociale. Et autant sont nombreux et divers les auteurs de cet immense courrier, autant les canaux de diffusion le sont tout aussi. Sur les réseaux et médias sociaux, à visages découverts ou masqués, les vidéos foisonnent, invitant au retour à l’appel et à la préservation de l’unité nationale, aussi bien en français qu’en anglais. Des fronts sont même aujourd’hui constitués au niveau de la diaspora, pour persuader les gouvernements occidentaux à mettre aux arrêts puis à extrader vers le Cameroun, tous ces terroristes qui nourrissent cette horreur, depuis des exils dorés sur leurs terres. Affaire à suivre…