Régions anglophones. Les sécessionnistes contre le développement
Depuis près d’un an, des groupes armés d’inspiration séparatiste s’emploient à détruire l’économie du Nord-Ouest et Sud-Ouest plongeant les populations dans la pauvreté.
Pierre NGOM
A lumière de leurs actions, il n’y a plus de doute que les terroristes sécessionnistes ont pour objectif de détruire l’économie des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Au rang de ces actions, on cite notamment les opérations «villes mortes» ont des conséquences dramatiques sur les activités économiques et les revenus des ménages ; les attaques ciblées sur les structures économiques ; les intimidations, rackets, enlèvements et assassinats des employés et responsables d’entreprises. Les attaques sur les structures économiques ont commencé par les chantiers de réalisation des infrastructures publiques à travers les enlèvements des employés déployés par les entreprises et ont stoppé net leurs réalisations. Elles ont ensuite ciblé les installations des entreprises para publiques (notamment Pamol et CDC), paralysant systématiquement l’activité de ces mastodontes qui ont pourtant des effets structurants importants sur l’écosystème économiques de leurs zones d’implantation et au-delà. Les attaques sont désormais également perpétrées de manière aveugle sur les outils de production dans tous les secteurs d’activité, notamment ceux se présentant comme des cibles faciles (véhicules de transport de personnes et de marchandises), ceux générant des cash-flows (commerces, stations-services) et ceux présentant un intérêt stratégique (pylônes des entreprises de télécommunication).
La filière cacao-café subit avec une acuité particulière les effets de cette crise sécuritaire compte tenu de ses spécificités et de l’importance de ces régions dans la production de ces filières. Le Sud-Ouest représente notamment 45% de la production cacaoyère nationale tandis que le Nord-Ouest est le principal bassin de production du café arabica avec plus de 70% de la production nationale. Dans un récent rapport du Groupement inter patronal du Cameroun (Gicam) les pertes dans cette filière sont chiffrées à 56 milliards de francs CFA. En aval des filières café et cacao, les industries de transformation voient leurs activités de plus en plus fragilisées. Il était projeté un taux de transformation locale de 52% à l’horizon 2020 avec quatre usines désormais opérationnelles. Mais si la situation se prolonge, elle pourrait engendrer une perte de chiffre d’affaires de l’ordre de 10,8 milliards de francs CFA.
La crise touche particulièrement les fleurons de l’économie camerounaise installés dans la région du Sud-Ouest. A titre d’exemple sur les 29 sites de production (plantations et usines), 12 sont en arrêt total de production et 10 sites ne sont plus que partiellement opérationnels en raison d’attaques sporadiques. Conséquence, 6 124 emplois sont déjà perdus (sites en arrêt de production) et 5 805 autres relevant des sites partiellement opérationnels sont gravement menacés. Ce qui représente 71% de l’effectif total employé par la société. Sur le plan financier, on enregistre plus de 01 milliard de biens détruits pour 12 milliards de manque à gagner. Il est donc normal que l’Etat prenne toutes les dispositions pour combattre ses terroristes et arrêter la saignée.