Présidentielle 2018. Une campagne de plus en plus quelconque
La campagne s’enlise dans des dérives inciviques et par la platitude des débats qui font florès dans les médias. La surenchère politique est récurrente, les promesses fallacieuses récalcitrantes et une certaine incurie qui s’encrasse chez certains candidats, ayant d’ailleurs une idée vague de la géopolitique camerounaise. Dans cette foire comique, le RDPC, habitué aux échéances électorales a su dès le début que rien ne sert de courir, il faut partir à point.
Didier BALEBA
La médiascopie électorale est devenue médiocre et redondante. Les panélistes qui représentent pour la plupart les candidats, excellent dans une ineptie inquiétante, la méconnaissance sociologique et anthropologique du Cameroun, quand ils ne se complaisent pas dans un mimétisme politique occidental pour faire plaisir aux potentiels sponsors. Les problèmes essentiels sont survolés, et lorsque les candidats violent la politesse à leurs porte-parole pour s’aventurer dans l’infosphère, le ridicule ne tue pas. D’accord, il faut faire la campagne, convaincre les électeurs, soumettre des projets révolutionnaires. Mais est-il indiqué de faire de grossières propositions incompatibles avec un mangement moderne et réaliste, en adéquation avec les marqueurs élémentaires de la macroéconomie par exemple. Qu’un candidat aujourd’hui fasse de la mathématique puérile, pour s’imaginer que face à la dévaluation, il faille doubler les salaires des camerounais pour stabiliser leur pouvoir d’achat, et ne pas réaliser que ce mécanisme entrainerait une inflation non maîtrisable, semble tout de même dangereux pour des candidats qui comptent diriger ce grand pays. Cette incurie se remarque en fait dans tous les secteurs majeurs de la vie nationale. Il ne faudrait même pas aborder les questions de défense, car, la maîtrise de celles-ci est douteuse. Si c’est cela que l’intelligence politique camerounaise a de plus pertinent, l’on comprend pourquoi le président Paul Biya a jugé fort opportunément qu’il faudrait encore conduire la locomotive camerounaise au risque de la voir dérailler aux virages de l’incertitude, l’immaturité et de la spoliation.
Devant la crise économique qui sévit en Afrique Centrale, le cas du Cameroun tranche avec l’atonie générale des autres pays. Les autres chefs d’Etat de cette région prient certainement que le sage reste encore, car c’est leur poids lourd de la scène internationale. C’est face à cette opposition inconsistante et en imaginant la situation actuelle en absence de Paul Biya que l’on comprend l’engouement des militants du RDPC à déferler dans la capitale ce jour, au cours d’une marche qui n’est que le prélude de ce qui se passera dans les jours à venir. L’humour du chef de l’Etat est connu, ses pics abrasifs qu’il sort aussi spontanément que naturellement, pour s’inscrire dans l’ère du temps. La phrase qui répond aux attaques de manière éphémère, pour retomber toujours dans l’essentiel des enjeux et défis. C’est sûrement à Maroua que la campagne va enfin débuter et où il nous sera loisible de mesurer la fusion entre le champion et son électorat en délire, sous fonds de promesse de l’avenir du pays