Le verdict des urnes sera-t-il le seul marqueur post-électoral pour une paix retrouvée ?
Après une longue campagne, l’usure a-t-elle eu raison de la sincérité et de la lucidité ? Les candidats se préparaient-ils à servir le Cameroun ou alors un chaos était d’ores et déjà programmé, ourdi par les analystes des services secrets, tant les pions sont avancés les uns après les autres, comme dans un jeu d’échec.
Didier BALEBA
La violence est convoquée aux débats avant même le verdict des urnes, par ceux qui sont soutenus de l’extérieur, comme dans le scénario de la Libye ou de la Côte d’Ivoire, et sous le regard absent de l’Afrique elle-même… Mais cette-fois, « c’en est trop », dit-on dans les rues. Ce qui est en train de vouloir se jouer au Cameroun est tout simplement odieux. À l’approche de l’échéance présidentielle, l’on se serait attendu à la détente et aux gestes de fairplay. Mais tout au contraire, les langages changent et deviennent de plus en plus haineux. Des porte-paroles ne se cachent plus de livrer publiquement ce que pourrait être la période post-électorale, qu’ils prévoient violente, sous le diktat de leurs exigences ingrates et prédatrices. Pourquoi aller à l’élection dans ce contexte et sous de sombres et iniques perspectives, si c’est pour incendier le Cameroun en exécution des prescriptions des commanditaires, dont les axes sont passés de la crise dite anglophone au départ forcé du Président Paul Biya, cela, sans transition ?
Donc, c’était bien cela ! On comprend mieux pourquoi ni Maurice Kamto, ni Akere Muna, et encore moins Joshua Osih, ne se sont mouillés au sujet de la violence qui sévit dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. La réponse est que cette insécurité devait alimenter la scène politique jusqu’à la tenue de l’élection, en caressant le scénario classique du départ du président Paul Biya comme alternative à la situation de chaos, même si cela devrait passer par un génocide. C’est le pot-aux-roses que l’on découvre à 72 heures du début de vote, concocté par des bandits patentés, qui se targuent d’une hypothétique virginité politique.
L’universitaire Maurice Kamto, aujourd’hui, ne peut présenter patte blanche comme il le prétend, lui qui est sous le coup d’un délit d’initié au moment où il exerçait les fonctions de ministre délégué à la Justice, et qu’il se fit attribuer un marché au compte de sa société. En Occident, il y aurait longtemps que ce scandale lui aurait ôté, et l’appétit, et son désir poussé de la démagogie. Akere Muna lui non plus, n’est en odeur de sainteté avec les bonnes mœurs. Il a dilapidé la fortune de son père pour ses intérêts égoïstes, déshéritant par la même occasion sa sœur cadette, Ama Tutu Muna, exhibant par la même occasion un machisme tout de même osé, et abusant d’un droit d’aînesse boulimique.
D’après des informations dignes de foi, cet avocat qui ne peut prétendre ignorer le droit, a vraiment aspiré le sein de l’héritage, s’y agrippant de manière récalcitrante. Plusieurs immeubles bâtis dans les quartiers huppés de Yaoundé, représentent une partie de ce patrimoine confisqué, dans lequel se noient également d’autres immeubles à Douala et Bamenda. Mais pour faire bonne impression, Me Akere Muna a quand même fait sa déclaration de biens, en mentionnant qu’il n’avait que deux maisons à son actif. Le délit de la fausse déclaration plane dans l’air. Le cas Muna étant malgré tout mal embarqué, le Tribunal de première instance de Yaoundé aurait renvoyé son audience après l’élection, afin qu’un quelconque verdict ne soit nullement lu sous le prisme politique.
Très rapidement, l’on a le profil de ceux qui veulent faire « la grosse révolution » au Cameroun, et qui auraient déjà planifié sa vente pour des intérêts égoïstes, avec en prime la prédation des ressources du Cameroun. C’est malheureusement la situation qui attend le Cameroun si le peuple ne fait pas preuve d’une grande solidarité. Elle est encore bien loin, la paix au Cameroun, surtout quand ceux sur qui sont fondés les espoirs, s’emploient à tout liquider, et leur âme et les biens dont ils ne sont guère les propriétaires.