Présidentielle 2018. Le chaos ne passera pas !
Avant même la tenue du vote, certains candidats s’autoproclament déjà vainqueurs et se préparent à semer le désordre. En face, la société civile se mobilise pour barrer la voie à la déstabilisation du pays.
Pierre NGOM
La déclaration est passée inaperçue mais résonne à nouveau au regard de la multiplication de ce type de discours ces derniers jours. En dehors de toute logique, Cabral Libii déclarait sans réserve sur le plateau de TV5 que « Paul Biya ne peut pas gagner une élection au Cameroun ». « Mais le plus difficile pour moi sera de prouver que j’ai gagné l’élection. Et c’est d’ailleurs pour cela que nous sommes dans une opération de terrain pour trouver et identifier 23000 personnes qui seront les représentants du parti Univers dans les bureaux de vote de telle sorte que pour qu’au travers de notre application www.electra.org, nous puissions publier nous-mêmes les résultats parce que nous aurons obtenu les procès-verbaux au soir de la clôture des dépouillements », ajoutait le candidat du parti Univers. Ce discours que tiennent de plus en plus certains candidats à l’élection présidentielle du 7 octobre est révélateur des manœuvres malicieuses et déstabilisatrices ourdies par des individus prêts à tout le pouvoir. Ce d’autant plus que ces derniers jours, il s’accompagne de tribune libre dans les médias promettant, pas moins qu’une « guerre civile », « si le régime s’entête à proclamer son candidat vainqueur ».
Pour mettre en déroute ces manœuvres, la société civile s’organise. Ce 4 octobre 2018, le Comité de veille civique citoyenne a donné une conférence de presse pour mettre en garde l’opposition contre toute escale de violences post-électorales. La preuve de l’adhésion à cette initiative en faveur de la paix, c’est la participation massive des jeunes à cet évènement. « J’ai une grande gratitude pour le peuple qui a répondu présent massivement ce matin pour un évènement que nous avons organisé en trois jours. Peu importe qui vous êtes et ou vous êtes en ce moment. Si vous aimez le Cameroun, et souhaitez le voir préserver, vous pouvez nous rejoindre pour faire échec au projet de chaos en cours. Certains Camerounais l’ont ourdi en intelligence avec des forces exogènes pour faire main basse sur le pouvoir », a appelé Morgan Palmer, porte-parole de ce regroupement spontané de plusieurs citoyens et de personnalités.
De son côté, le gouvernement rappelle les règles. « Tous les candidats qui sont engagés dans le processus électoral ont des devoirs et des obligations. Nous attendons d’eux un comportement exemplaire, un langage mesuré et une attitude républicaine », indiquait en début septembre le ministre de l’Administration territoriale (Minat) en sa qualité de tutelle des partis politiques, des associations, des chefferies traditionnelles, des ONG… Paul Atanga Nji avait par la suite mis en garde : « le Minat ne va pas hésiter à prendre des mesures appropriées pour contenir les débordements ou pour neutraliser les fauteurs de trouble. La loi c’est la loi. Personne n’est au-dessus d’elle ». À bon entendeur, salut !