Tu travailleras à la sueur de ton front et tu récolteras ce que tu auras semé
Nous voici rendus à la veille de la grand-messe, à 48 heures seulement du vote de la présidentielle camerounaise de 2018, avec un regard que l’on voudrait objectif. Les candidats ont-ils convaincu avec la manière ? Le moins que l’on puisse dire est qu’il est apparu comme une asymétrie médiatique contre le candidat Paul Biya qui a essuyé les tirs groupés de toute l’opposition, mais également, ceux des médias étrangers qui se sont invités sans délicatesse à cette action de sabotage de l’image.
Didier BALEBA
Loin de juger la pénétration les acteurs politiques de cette campagne sur l’opinion, menée officiellement au Cameroun depuis deux semaines déjà, le regard reste posé sur les progrès que ce pays a enregistrés depuis l’avènement de la démocratie, et les évolutions du processus électoral. Les promesses faites par le président Paul Biya lors de son dernier septennat sur le plan de la gouvernance politique en ce qui concerne les différents pouvoirs et leur indépendance sont remplies. Les deux chambres du parlement sont désormais pourvues, avec le Sénat qui est la chambre haute du parlement dont les membres ont été élus pour la première fois le 14 avril 2013. Le Conseil constitutionnel créé par la loi du 18 janvier 1996 quant à lui, voit le jour le 7 février 2018. C’est pour dire que le président Paul Biya, malheureusement taxé de tyran pour certains, a quand même mis à la disposition de son pays, les structures et différents pouvoirs d’une démocratie à l’occidentale, tout en respectant les différentes étapes du processus électoral. Une vaste campagne d’inscription sur les listes électorales commencée en 2017 par l’institution en charge de l’organisation des élections au Cameroun s’est d’ailleurs poursuivie en 2018 par une intense communication. Le gouvernement a mis à la disposition de chaque candidat une garde rapprochée pour que la sécurité ne soit pas un motif de perturbation. Le Conseil national de la communication –CNC- à son tour, a tenu une réunion de sensibilisation pour donner à chacun un temps d’antenne équilibré. Force est alors de constater que contrairement aux préjugés, le Cameroun dispose désormais d’institutions de gouvernance pertinente, et que le processus de démocratisation est en marche et affiche un niveau de maturité plus qu’acceptable. C’est un satisfécit à mettre au compte de l’ouverture du président Paul Biya qui a toujours manifesté la volonté de moderniser les institutions de son pays dont l’implémentation a été courageuse au regard de la conjoncture économique.
Les candidats de l’opposition ne peuvent prétendre que le processus électoral et les institutions en charge de les organiser ne sont pas toutes en place et ne jouent pas leur rôle conformément à leurs attributions. S’il faudrait mettre en doute sur le plan éthique la candidature de certains, l’on constate par contre une jactance de mauvaise foi qui projette de faire tout pour se hisser à la tête de l’Etat par des moyens autres que des moyens légaux. Le Rassemblement démocratique du peuple camerounais –RDPC- a structuré sa campagne par une préparation cohérente basée sur l’occupation territoriale. C’est le seul parti qui a couvert tout le territoire, voire un maximum de pays étrangers. Organisé en comités de base qui adoptent une stratégie de communication de proximité et analysant froidement ce système, le RDPC a quadrillé rationnellement le territoire et apparaît comme un parti national. Le MRC a excellé par contre dans le clientélisme de la fibre tribale, quand d’autres partis sont restés sur une envergure départementale ou sur des bases prosélytes. Les efforts seront récompensés à la fin, et la posture d’attente dans la sérénité du parti au pouvoir se justifie par une équipe soudée autour de son champion, comme aiment à dire les militants du parti de Paul Biya. Mais l’on peut comprendre dans cette histoire d’élection présidentielle au Cameroun, celle de la fable de la Fontaine à propos de la cigale qui a chanté tout l’été et quand vint l’hiver, elle n’eut plus rien à manger, n’ayant rien gardé dans son grenier. En politique, il faut avoir du souffle et de la patience. Une auréole politique comme celle du président Paul Biya ne se construit pas en quelques années. C’est la résultante d’apprentissages, d’échecs et de succès, de sagesse construite au cours des années, bref, une expérience aujourd’hui dont va profiter le Cameroun. On le voit au cours de cette campagne, où le président Biya ne s’est risqué à choquer les sensibilités, n’a eu aucun méchant regard vers ses adversaires qu’il a d’ailleurs respectés dans un silence de cathédrale ; le sage a attendu, contre vents et marrées, malgré les balles et les gravats, l’heure fatidique qui sonnera la fin de l’aventure pour certains. Vive la démocratie !