Post-élection Présidentielle 2018. À quoi joue l’opposition ?
Alors qu’ils disent avoir documenté des irrégularités, les huit candidats opposés à Paul Biya lors de l’élection présidentielle du 7 octobre se pressent lentement pour déposer leurs recours devant le Conseil Constitutionnel.
Pierre NGOM
« Nos avocats, au regard du caractère hautement scandaleux des irrégularités dont nous continuons à collecter les preuves, se réservent le droit de saisir ou non la juridiction compétente dans les délais légaux prévus », indiquait Cabral Libii le 9 octobre dernier lors d’une conférence de presse alors que l’ensemble des observateurs nationaux et internationaux affirme que l’élection s’est globalement déroulée dans la paix et la transparence. Parmi ce qu’il qualifie de « graves irrégularités », le candidat du parti Univers a cité le vote des personnes non inscrites sur les listes électorales, la privation du droit de vote aux Camerounais disposant de cartes d’électeurs ou des récépissés de cartes nationale d’identité, l’agression de certains de ses représentants, le bourrage d’urnes et l’absence ou bien l’insuffisance de ses bulletins de vote dans certaines localités.
Mais ce 10 octobre, à quelques heures de l’expiration du délai de soixante-douze (72) heures accordé pour faire parvenir les contestations, Cabral Libii n’avait déposé aucune requête. Il en est du candidat de l’Univers que des 7 autres qui étaient opposés à Paul Biya lors de l’élection présidentielle du 7 octobre 2018. « Vous saurez ce qu’aura choisi de faire le MRC (Mouvement pour la Renaissance du Cameroun) lorsque le délai légal imparti aura expiré », a botté en touche Olivier Bibou Nissack lors d’une conférence de presse ce mercredi après-midi.
« Nous exhortons les acteurs à recourir aux voies légales en cas de contestations éventuelles », a appelé mardi la Conférence épiscopale nationale du Cameroun. Mais il est à craindre que cet appel ne soit pas entendu par certains candidats qui auraient des agendas cachés. Maurice Kamto et Cabral Libii se sont empressés à s’autoproclamer vainqueur de l’élection présidentielle. Ce qui est un indice que ces deux candidats ne sont pas disposés à suivre le processus tel que défini par le Code électoral jusqu’au bout. On est d’autant plus fondé à le penser que jusqu’ici même pas un début de preuve n’a été apporté pour étayer les irrégularités alléguées. Or d’après l’article 133 alinéa 3 du Code électoral, « sous peine d’irrecevabilité, la requête doit préciser les faits et les moyens allégués. Elle est affichée dans les vingt-quatre (24) heures à compter de son dépôt et communiquée aux parties intéressées, qui disposent d’un délai de quarante-huit (48) heures pour déposer, contre récépissé, leur mémoire en réponse ». Mais le chaos ne passera pas. Il n’y a qu’à voir la désapprobation qui accompagne l’auto-proclamation par le candidat du MRC comme vainqueur de la présidentielle du 7 octobre.