Nord-Ouest et Sud-Ouest. Quand la réalité nous revient au visage
La situation opérationnelle dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest du Cameroun n’est pas un statu quo sécuritaire. Les populations ont alternativement fait leurs perceptions des forces gouvernementales et celles des terroristes ambazoniens. Entre viols, extorsions, tueries sauvages, elles réalisent désormais le fossé existant entre la propagande et la réalité.
Didier BALEBA
Les Forces de Défense camerounaises ont apporté une contribution décisive lors de la dernière élection présidentielle qui a pu se dérouler grâce à elles, dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. En plus des actions sécuritaires, elles ont assuré le transport logistique du matériel électoral. Elles viennent donc de confirmer qu’elles sont intégrées au sein de la nation. Elles partagent la vie de la nation et quelques indiscrétions permettent de découvrir que leurs votes sont allés bien au-delà de 80% des suffrages en faveur du président Paul Biya. Le plus significatif cependant reste l’efficacité des hommes sur le terrain qui livrent une guerre difficile. Les guerres contre-insurrectionnelles sont les plus difficiles à gérer dans le cadre des guerres asymétriques. Le théâtre des opérations se déroulant à l’intérieur du territoire, il est délicat de détecter les populations acquises à la cause gouvernementale de celles qui collaborent avec l’ennemi. Dans les éléments de langage, il est d’ailleurs tout aussi délicat de nommer les combattants irrédentistes ; certains médias refusent d’ailleurs de les appeler terroristes alors qu’ils le sont effectivement du moment où ils s’attaquent aux cibles civiles. La cause irrédentiste peut être rapidement récupérée sur le plan politique. Cela a été le cas pour la crise dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest qui a occupé et continue toujours d’occuper les attentions des candidats. Par contre, aucun des candidats de l’opposition en course dans la campagne présidentielle n’a pris une position claire à propos de cette crise, dans le but d’en tirer un maximum de dividendes. La forme de l’Etat sur le plan de la gouvernance était une problématique centrale pour laquelle les politiques ont tergiversé, dénonçant la culpabilité du gouvernement dans la gestion de la crise et promettant des formes de gouvernance indéfendables.
Les forces quant à elles sont restées constantes, protégeant de manière plus visible la population qui sait désormais faire la part des choses. Elles ont opté à présent de communiquer vers les combattants irrédentistes pour les emmener à déposer les armes, même si la question de prise en charge de ces combattants sur le plan de l’encadrement logistique et psychologique reste un problème. Certains combattants sortent des brousses et déposent en effet leurs armes. Ceux qui ne le font pas sont pourchassés et progressivement, les forces de défense s’attaquent méthodiquement aux camps disséminés dans la jungle où les terroristes sont loin d’être les maîtres. La sanctuarisation risque donc d’arriver très vite, surtout que les lignes logistiques sont de plus en plus coupées. La fin se dessine donc vers une éradication de ce mouvement au résultat des attritions infligées aux combattants sécessionnistes qui ont perdu dans les affrontements avec les forces de défense entre le 7 octobre et ce jour, 22 hommes. En un mot, il semble bien que seul le candidat président a le souci d’une paix durable dans les deux régions alors que certains candidats font de la surenchère nauséabonde.