Rumeurs de pénurie sur les marchés. Une autre tactique machiavélique pour pousser à la déstabilisation
C’est à la veille du scrutin présidentiel que la fausse nouvelle s’est répandue comme une traînée de poudre, suscitant bien des remous au sein des populations. Aujourd’hui, l’on constate bien qu’il n’en était rien.
Charles ABEGA
Les files d’attente ne désemplissaient plus devant les petites épiceries et les grandes surfaces, ceci dans pratiquement tous les centres urbains du pays. Même Yaoundé la capitale n’a pas totalement été épargnée par le phénomène. Une vague mensongère alors alimentée par quelques imposteurs s’est élevée et a submergé les populations, avec plusieurs conséquences au bout. L’on citera en premier lieu le vent de psychose que cette rumeur a fait parcourir sur une bonne partie du territoire. Surtout que la fausse nouvelle était motivée par une forte probabilité d’une hypothétique flambée de violence, que certains leaders politiques et diseurs de bonnes aventures voulaient vendre aux incrédules. Après plusieurs tentatives infructueuses de déstabilisation par des invectives et provocations de toutes sortes, des faits de violence physiques dans certaines régions du pays, des destructions de biens matériels et même des meurtres, il fallait trouver une tactique nouvelle pour faire installer une fois de plus la hantise et la terreur.
Voilà pourquoi l’on a surpris des gens empilés devant tous ces commerces la veille des élections, dans l’espoir de se faire des provisions pour plusieurs jours voire plusieurs semaines, pour ne pas « mourir affamés en cas de guerre », parce que c’est effectivement ce qu’annonçaient déjà les autres, et qu’ils continuent d’annoncer aujourd’hui alors que la proclamation des résultats reste attendue. Et ceci entraînant cela, il y a bien évidemment la flambée des prix sur le marché, en lieu et place d’une flambée de violence qui n’aura existé que dans la tête de ceux qui l’on promit. Du coup, juste avant les élections, les prix pour certaines denrées sont pratiquement passés du simple au double, notamment la veille du scrutin. Les populations incrédules sont donc naïvement tombées dans ce panneau, explosant leurs budgets domestiques, pour des dépenses qui ne valaient pas du tout la peine d’être faites, enrichissant par ailleurs des opérateurs économiques véreux. De véritables charognards qui ont voulu profiter de la situation pour s’en mettre plein les poches en écoulant rapidement leurs stocks, dans un processus échappant à tout contrôle.
Ainsi donc, les dérives orchestrées par certains candidats à la présidentielle projetant la plongée dans une période d’hostilité socio-sécuritaire en cas de victoire du candidat-président, ne sont pas pour arranger les choses. Voilà pourquoi la communication du ministre du Commerce à Douala il y a quelques heures fait l’effet d’une douche froide pour les semeurs de troubles, et vient réinstaller sérénité et quiétude dans les foyers.