Artistes et choix politiques. Une ligue d’oisifs et d’aigris pour une mise à ban
Avant la proclamation des résultats au dernier scrutin présidentiel et la prestation de serment du nouvel homme fort d’Etoudi, un groupe d’individus majoritairement basés en Europe, promettent des jours difficiles à tous les artistes camerounais ayant soutenu la candidature de Paul Biya. Un tableau surréaliste au cœur du 21e siècle.
Charles ABEGA
Depuis environ deux semaines, les médias traditionnels et réseaux sociaux donnent de voir une mise en scène toute aussi triste que triviale. Un groupe d’individus se revendiquant de la catégorie « artistes de la diaspora », sont les auteurs d’une campagne qui invitent toute la diaspora à boycotter pour les sept prochaines années, tous les artistes qu’ils traitent de « sardinards » (« mendiants de sardines et de bouts de pains après les meetings du RDPC » prétendent les accusateurs), parce qu’ayant prêté leur talent pour la mise en valeur d’une candidature lors de la dernière élection présidentielle au Cameroun. En d’autres termes, les mis en quarantaine paient tout simplement pour l’expression publique de leur choix politique, notamment aux côtés de Paul Biya. En effet, plusieurs rassemblements populaires du candidat du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC) ont été animés par une pléiade d’artistes invités, ou venus volontairement manifester leur soutien à l’homme du renouveau, un fait extrêmement banal en démocratie. Car il faut le rappeler, il n’y avait pas que le candidat Paul Biya qui a reçu le soutien d’artistes et autres leaders d’opinion. Simon Longuè Longuè, Valsero et bien d’autres se sont fièrement affichés aux côtés d’autres candidats, sans être inquiétés le moins du monde ni par les paires et autres acteurs de la corporation, ni par la société autour d’eux. Même leurs fans, aux choix politiques divergents, ne leur en ont jamais voulu, préférant apprécier les productions artistiques de leurs idoles.
La très célèbre K-Tino, icône de tout un peuple, a ainsi été prise à partie en France par ces « justiciers » d’un autre monde et d’une autre époque, poussant même l’organisatrice du spectacle pour lequel elle était partie du Cameroun avec son équipe, à l’annuler sans autre forme de procès. Motif avancé par la pseudo entrepreneure culturelle sur une vidéo qui court sur les réseaux sociaux, « la peur des représailles et de la mise à l’écart par les frondeurs, » avec qui elle vivrait en communauté. D’autres extraits du même montage vidéo permettent de voir la diva du Bikutsi huée et bousculée dans ce qui serait un hall d’aéroport. La star promet dans la foulée une action en justice après cette agression.
Il importe tout de même de mettre en lumière après cet incident, une évidence. Quand on observe de près ces espèces de manifestants de la diaspora, l’on éprouve beaucoup de peine à reconnaître dans leurs rangs, des artistes. Du moins, ceux que les Camerounais peuvent clairement identifier par leurs productions. Il est donc aisé de conclure qu’en guise « d’artistes de la diaspora », l’on pourrait bien se trouver en face d’individus oisifs et aigris, essayant de créer une opportunité d’exposition dans une société éminemment exigeante, au sein de laquelle ils ont beaucoup de peine à trouver leurs marques au quotidien.